Selon des victimes du camp des Frci, forces armées pro-Ouattara, situé au Nouveau quartier à Yopougon, les pratiques qui y ont cours sont inhumaines.
Tortures, exactions, violations des droits de l’homme…Tout y passe à l’abri des regards. Et en toute impunité. Les témoignages des individus qui ont pu en sortir vivants, mais en loques humaines, donnent froid dans le dos. Selon eux, il s’agit d’un véritable camp de concentration, un mouroir qui fait penser au camp Boiro de la Guinée-Conakry sous le dictateur Sékou Touré.
« Quand on nous envoie dans ce camp, on plonge nos têtes dans des barriques d’eau pour tenter de nous asphyxier afin de nous arracher des aveux. On nous a sérieusement battus tout le temps qu’on est restés aux mains des FRCI. On met du plastique au feu et on nous nous colle les flammes au corps pour nous brûler dans l’espoir de nous arracher des aveux. On nous brêle aussi au fer. C’est la torture que j’y ai vécu», confie une récente victime du camp. Totalement diminuée avec des pieds enflés, le corps plein de brûlures au fer etc. «On nous bat tout le temps avec du fil de fer, nous dormons sous une bâche au sol nus et nos portables et argent sont confisqués par nos bourreaux. Nous ne mangeons pas et on nous interdit toutes les visites et communications téléphoniques. Je sors du camp avec tous mes pieds enflés du fait des tortures et je suis prêt à poser pour des photographes afin de porter à la connaissance de l’opinion internationale toutes les pratiques inhumaines que des personnes injustement détenus subissent aux mains des Frci. Au moment où nous quittions, des centaines de personnes notamment des policiers, gendarmes, militaires et des civils croupissaient encore dans ce camp où on côtoie la mort au quotidien », explique la victime à qui notre équipe de reportage a rendu visite à son domicile à Yopougon-Niangon.
Selon notre interlocuteur, les Frci procèdent, chaque jour, à des arrestations arbitraires d’individus que les forces armées pro-Ouattara déportent dans leur camp de concentration sis à la place de la liberté à Yopougon. Un site qui appartient au Fpi mais que les Frci occupent de force et où ils torturent des citoyens ivoiriens (civils ou corps habillés) qu’ils soupçonnent de vouloir renverser le pouvoir Ouattara. « Des gens ont été pris au kilomètre 17 où un élément des Frci, un Burkinabè appelé chef Bamba sévit sans retenue. Il arrête des personnes et les conduits au camp Frci du Nouveau quartier où ils sont torturés. Les organisations de défense des droits de l’homme doivent faire quelque chose si il sera trop tard pour les autres détenus que j’ai laissées là-bas», poursuit la victime. Avant de préciser : « suite à la torture, je suis tombé dans un coma. Les Frci m’ont envoyé à l’hôpital militaire d’Abidjan où ils m’ont abandonné. Ils sont revenus me reprendre avant de me libérer sans soins lorsque j’ai repris connaissance ». Les riverains du camp Frci au Nouveau-Quartier de Yopougon vivent également un cauchemar.
La voie qui passe devant ce camp est fermée à la circulation. Des pneus sont posés sur la voie et des hommes en treillis et armes au poing font la sentinelle. A l’intérieur du camp, des tentes sont dressées et personne n’a accès à cet endroit transformé en un enfer sur terre par le pouvoir Ouattara. Ceux qui passent devant ce camp sont dépouillés et molestés. La nuit, les Frci s’introduisent dans des cours pour voler sous la menace des armes, soutiennent des riverains.
Benjamin Koré
Source: Notre Voie
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