Injures, menaces et autres propos orduriers, tout y est passé. Une vive querelle a, en effet, éclaté entre ces parlementaires qui se sont insultés, tels des chiffonniers. Le ministre Kobenan Adjoumani, qui présidait la commission des affaires sociales et culturelles a sorti ses griffes face à la menace qui se faisait de plus en plus grande. « Toi, tu peux faire palabre ? Mais tu ne me connais pas. Si tu veux mal dormir ce soir, il faut essayer », a-t-il rétorqué à l’honorable Ahoko Patrice, député d’Abobo. Quand, pour sa part, Marie Odette Lorognon prenait à partie Ahoussou Jeannot. « Tu es un faux avocat, toi », lui a-t-elle lancé. Une confusion qui a duré une bonne vingtaine de minutes. A l’origine de cette rixe, une question de procédure. Le président de cette commission, Kobenan Adjoumani, après que le député Ahoko Patrice eut retiré un amendement formulé contre l’article premier du texte mis en examen, a déclaré ledit article « adopté ». Il n’en fallait pas plus pour soulever le courroux des députés membres du groupe parlementaire Fpi (Front populaire ivoirien, au pouvoir), notamment. La tension était si vive qu’un cordon de sécurité a été érigé autour du président Adjoumani. Les travaux de cette commission, disons-le tout net, se sont déroulés dans une ambiance malveillante et discourtoise. Ce climat délétère s’est davantage dégradé et les représentants du peuple étaient incontrôlables. Des échauffourées qui ont amené le préfet hors grade, Guéhi Brissi Lucas, secrétaire général de l’Assemblée nationale est monté au créneau pour apporter des éclairages. « D’ordinaire, le secrétaire général ne prend pas part aux débats. Mais, j’interviens ici puisqu’il s’agit d’une question de procédure », a-t-il précisé. Selon ses explications, en principe, l’examen du texte se fait article par article. Au cours de cette étape, les amendements sont apportés (article par article). Ensuite le texte (l’ensemble des articles en bloc) est soumis au vote. Une précision qui a conforté le président Adjoumani dans sa position. Les travaux ont donc repris et après l’examen des articles, les députés sont passés au vote. A l’issue duquel, 15 députés contre 13 ont rejeté (en commission) le projet de mise sur pied d’une commission d’enquête parlementaire sur l’affaire Tagro, du nom de l’actuel ministre de l’Intérieur. Au sortir de cette rencontre, Jean Michel Moulo, au nom du groupe parlementaire Pdci s’est dit déçu. « Le Garde des sceau qui a été informé de cette procédure n’y a vu aucun obstacle. Je ne comprends pas que des députés soient venus ici pour s’opposer par tous les moyens à ce projet qui entre dans le cadre de la moralisation de la vie publique, initié par le président de la République lui-même », a-t-il regretté. Rappelons que le 2 juin 2010, Mamadou Koulibaly, président de l’Assemblée nationale avait accusé Désiré Tagro de fraude et de tribalisme dans l’organisation des concours d’entrée dans les écoles de Police et de gendarmerie. Sur la base de ces accusations, les groupes parlementaires du Pdci- Rda, de l’Udpci et Solidarité avaient saisi le président de l’Assemblée nationale pour demander la mise sur pied d’une commission d’enquête parlementaire. Au terme d’une réunion de la Conférence des présidents, cette requête a été confiée à la commission des affaires sociales et culturelles qui s’est réunie hier. Elle dressera un rapport qui sera examiné par l’ensemble des députés en plénière le 28 juillet prochain.
Jonas Baikeh
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