Le président Beugré Mambé constitue-t-il le vrai mobile de toute la vague d'agitation qui s'est emparée du bloc présidentiel et qui déteint si gravement sur le processus de sortie de crise ?
A mesure que les jours passent, on cerne mieux les intentions des uns et des autres. Et le pays lui, plonge, inexorablement.
On est passé à côté du pire avant-hier à Divo. La police a encore ouvert le feu sur des manifestants aux mains nues. On a déploré 4 blessés graves. Certains ont été évacués à Abidjan pour recevoir des soins plus appropriés. Mais ce n'est pas ce si "maigre bilan" qui va freiner ceux qui ont juré de plomber le processus électoral. Le Fpi est dans sa logique de déstabilisation de la Cei. Les coups viennent de partout. Gbagbo a donné le ton par une accusation aussi légère que surprenante. Nous étions le 9 janvier. Nombreux sont ceux qui ont pensé qu'il s'agissait d'un incident, d'un malentendu qui se dissiperait au bout d'une ou de deux réunions.
La petite mèche de Gbagbo s'est transformée en un immense brasier et provoqué des ravages qui ne sont pas prêts de s'arrêter en dépit des efforts déployés par le Premier ministre, la Cei et son président ainsi que l'ensemble de la classe politique nationale.
Le 20 janvier, la Commission centrale de la Cei produit un communiqué pour faire des mises au point importantes. Cette instance qui rassemble tous les partis politiques et les représentants des institutions de l'Etat conclut après un examen approfondi de la situation que le président de la Cei n'a pas tripatouillé le fichier électoral, que les Cd incriminés n'ont pas été utilisés. Le Premier ministre, recevant les acteurs du processus électoral, fait adopter un nouveau mode opératoire pour la validation des résultats du croisement populaire.
Mais toutes ces mesures ne sont pas de nature à satisfaire les exigences du bloc présidentiel qui continue de réclamer la tête du président Mambé. Le ministre Désiré Tagro décide le 15 janvier d'ouvrir une information judiciaire contre le président Mambé et la Cei. Sans informer le Premier ministre qui, lui, cherchait à recoller les morceaux.
Le 19 janvier, le même Désiré Tagro instruit le corps préfectoral de rouvrir le contentieux, avant de se rétracter suite à une vive protestation du Premier ministre devant le chef de l'Etat.
Mais le ministre de l'Intérieur, sûr de son fait, maintient la pression sur la Cei, les collaborateurs de Mambé sont traqués de jour comme de nuit. Leurs noms sont affichés dans tous les commissariats du pays.
Le 2 février, les commissaires centraux issus du camp présidentiel se désolidarisent de leurs collègues et pondent une déclaration dans laquelle ils accusent le président Mambé de tous les péchés d'Israël.
Il ne faut donc pas se méprendre sur les intentions du Fpi qui sont claires.
Saboter Ouaga, saboter Soro
Il est désormais établi que le problème du Fpi, ce n'est pas Mambé. Le président de la Cei se trouve à un carrefour stratégique pour le Fpi. Gbagbo, en dépit de tous les sondages Sofres, a peur de perdre les élections.
Et le quadrillage actuel du processus électoral ne lui garantit pas ses chances de l'emporter. Il faut donc faire sauter le président Beugré Mambé.
Il faut titiller l'autorité du Premier ministre, l'affaiblir et s'en débarrasser le moment venu. Il faut en outre extirper de la liste électorale tous ceux qui, par le patronyme, ne seraient pas des électeurs potentiels du Fpi.
Les élus, cadres, DDC de Gbagbo demandent des radiations de plusieurs milliers d'électeurs de la liste électorale. En le faisant, le Fpi a conscience que cela peut gripper la machine, tout bloquer. Mais les intérêts de Gbagbo passent avant toute chose.
Selon de bonnes sources, le Fpi vient de louer les services d'une cinquantaine d'avocats. Payés à 5 millions de francs chacun, ils ont à leur disposition des véhicules 4X4, ils vont sillonner tout le pays, aller là où il existe des tribunaux et demander à fouiller les registres d'état civil pour demander aux juges de radier des électeurs introuvables dans ces registres. Et Dieu seul sait comment on tient les registres dans nos administrations. Et puis pour un pays qui sort de guerre, où l'état civil a été totalement ou partiellement détruit, et où enfin la reconstitution s'est faite au pas de course, le Fpi et ses avocats sont en train d'ouvrir une autre boîte de pandore.
En tout état de cause, l'opposition doit retrousser ses manches et poser des actes forts pour marquer le coup. Si Gbagbo et le Fpi persistent à vouloir tout saboter, le Rhdp et pourquoi pas les Forces nouvelles ne devraient pas les y accompagner. Démissionner en bloc du gouvernement ne serait pas une mauvaise option politique. De même que signifier au facilitateur Blaise Compoaré que désormais le Rhdp et les Forces nouvelles ne se reconnaîtraient plus dans l'Apo. Car que vaut l'Apo si l'autorité du Premier ministre est continuellement bafouée, où Gbagbo torpille les accords et nargue sans cesse ses opposants ?
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