Les tergiversations des acteurs politiques ivoiriens qui n’arrivent pas ou qui refusent, depuis 2005, d’organiser les élections présidentielles fâchent la communauté internationale amenée par la France qui jusque-là est considérée comme la puissance tutélaire de la Côte d’Ivoire.
Elle est prête à jeter l’éponge dans son soutien au processus de paix dont le socle est l’accord politique de Ouagadougou (Apo) signé le 4 mars 2010 à Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso. La France, la Belgique, la Grande Bretagne, les Etats unis, le Japon...et même la Chine, de sources diplomatiques, n’auraient plus le cœur à l’ouvrage en Côte d’Ivoire.
La plupart de ces pays qui contribuent au financement du processus de sortie de crise à travers le ‘’basket founds’’ (Panier de fonds) géré par le Pnud, estiment que les acteurs politiques ivoiriens, notamment les signataires de l’Apo, n’affichent pas de volonté à organiser les élections présidentielles.
La dissolution de la Commission électorale indépendante (Cei) et du gouvernement, par le chef de l’Etat Laurent Gbagbo, le 12 février 2010, d’une part. Et d’autre part, le conflit qui oppose le camp présidentiel aux Forces nouvelles (Fn) sur les questions de désarmement, d’audit de la liste électorale, de renouvellement des Cei locales et de l’unicité des caisses de l’Etat, sont autant d’éléments qui motivent la décision de la Communauté internationale, de sortir ses griffes contre les autorités ivoiriennes.
Concrètement, l’Organisation des nations unies (Onu) qui est la matérialisation de cette communauté internationale, toujours selon nos sources, veut mettre fin à son apport financier au processus de sortie de crise en Côte d’Ivoire. Ensuite, elle veut engager un embargo total sur la Côte d’Ivoire.
Embargo qui en plus des armes et des sanctions ciblées, prendrait en compte, entre autres, l’aide au développement (financement de projets, prêts financiers...), l’interdiction de voyage et le gel des avoirs à l’extérieur, élargis aux autorités politiques, ainsi que la mise en œuvre de poursuites judiciaires contre des personnalités impliquées dans les crimes de guerre ou massacres des populations.
La liste des moyens coercitifs à prendre, est non exhaustive et elle serait déjà prête. La France qui a l’initiative des projets de résolution sur la crise ivoirienne, indiquent nos sources, détient cette ‘’bombe’’ qu’elle est prête à lâcher si les obstacles, à la conduite du processus de paix en Côte d’Ivoire, ne sont pas levés d’ici deux mois.
En clair, le pays de Nicolas Sarkozy pourrait envisager d’introduire le projet de résolution en question, auprès du conseil de sécurité, en cas de persistance du blocage en Côte d’Ivoire dans les deux mois à venir.
Exaspération
En attendant, l’Elysée qui entretient 900 soldats (Licorne) en Côte d’Ivoire, et qui débourse près de 100 milliards de Fcfa par an pour les entretenir, joue de diplomatie pour rallier à sa cause, quelques nations encore réticentes à ce projet.
C’est le lieu d’indiquer que l’attitude de la France, participe de ce que certains ont qualifié d’exaspération de la Communauté internationale face au tango des autorités politiques ivoiriennes. Cette exaspération était perceptible depuis quelques semaines.
A l’occasion de la signature, le 9 mars 2010 à Abidjan, d’un accord de rééchelonnement de dette en faveur de l’Etat de Côte d’Ivoire, l’Ambassadeur allemand Stephan Keller avait quasiment exigé au gouvernement ivoirien, une contrepartie au plan politique.
‘’ L’Allemagne attache une importance primordiale au déroulement d’un processus électoral consensuel conduisant à des élections justes et transparentes...Nous souhaitons que le processus en vue d’organiser les élections reprenne sans délai », avait-il dit. Une semaine plutard, c’est-à dire
le 16 mars 2010, c’était le tour du Japon d’asséner quelques vérités aux autorités ivoiriennes, à l’occasion de la signature d’un autre accord de dette, à Abidjan. « Aujourd’hui, je suis déçu, car, je n’ai pas toujours vu les élections venir, alors que cela fait déjà un an et demi depuis ma prise de fonction ici...
Le Japon a observé la scène politique ivoirienne avec la réticence et la retenue, tout en considérant que ce sont les Ivoiriens qui se décident...Cependant, aujourd’hui, je suis quelque peu déçu... Aujourd’hui, le Japon a signé cet accord de rééchelonnement et de paiement différé et tenu ainsi la promesse du Club de Paris.
C’est autour des Ivoiriens de tenir leurs promesses » », avait soutenu l’Ambassadeur du Japon en Côte d’Ivoire, Okamura Yoshifumi.
Dans la même veine, l’Ambassadeur de la Grande Bretagne, Nicholas Westcott avait traduit, le 24 mars 2010, au président de la Cei, Youssouf Bakayoko, les attentes de la Communauté internationale.
‘’Nous avons discuté des perspectives des élections ici en Côte d’Ivoire. La communauté internationale attend le nouveau processus et la fixation de la date des élections dès que possible.
Monsieur le Président nous a expliqué la procédure suivie par la Cei pour le rétablissement de la confiance de tous les partis politiques dans l’établissement de la liste électorale. Donc nous nous sommes mis d’accord sur l’importance d’accélérer le processus électoral’’, avait-il dit.